La crémation en France : évolution et pratiques actuelles

évolution et pratiques de la crémation en France

JEUDI 10 OCT. 2024

‌‌La crémation en France a connu une évolution notable au cours des dernières décennies, passant d'une pratique marginale à une pratique largement acceptée et choisie par les familles. Cette transition reflète des changements culturels et sociétaux. En parallèle, la législation funéraire a évolué afin d’accompagner l’essor de la crémation et fixer un cadre aux pratiques qui l'entourent.

Historique de la crémation en France

La crémation a été introduite en France au XIXe siècle avec la loi du 15 novembre 1887 relative à la liberté des funérailles. Cette loi a marqué un tournant en permettant aux individus de choisir librement leur mode de sépulture.

Cette pratique est pourtant restée marginale jusqu'à la fin du XXe siècle, notamment parce qu’elle est perçue comme une alternative non conventionnelle à l'inhumation.

Ce n'est qu'à partir des années 1990 que la crémation a commencé à gagner en popularité avec une augmentation significative du nombre de crémations. ‌Les mentalités ont largement évolué et de nombreux facteurs ont encouragé cette pratique. 

En 1994, la crémation représentait environ 10 % des obsèques en France. En 2020, ce chiffre a dépassé les 40 %, illustrant un changement radical dans les pratiques funéraires françaises.

Chaque année, le nombre de crémations continue de progresser d’environ 1%.

Les raisons de l'essor de la crémation

Plusieurs facteurs ont contribué à l'augmentation de la crémation :

L’encadrement légal de cette pratique

Sur le plan juridique, la loi du 19 décembre 2008 relative à la législation funéraire a permis de renforcer les exigences de qualité des professionnels du secteur funéraire et d’accompagner l'essor de la crémation en comblant certaines lacunes juridiques.

Les cendres des personnes incinérées sont désormais assimilées à des restes humains et doivent être traitées avec respect, dignité et décence. Depuis cette loi, les familles ne peuvent plus conserver les cendres du défunt à domicile, sauf autorisation exceptionnelle.

Les cendres doivent donc être dispersées dans un espace dédié ou conservées dans un lieu destiné à recevoir les cendres : columbarium, monument cinéraire, caveau familial…

columbarium sidobre 6 cases granit
monument cinéraire CIN-IKARIA granit

Les évolutions sociétales et religieuses

Avec le temps, la crémation est devenue culturellement plus acceptable. Sur le plan religieux, cette pratique a été autorisée par l’Église Catholique en 1963. Et la baisse des pratiques religieuses explique en partie l’essor de cette pratique.

Pratiques actuelles de la crémation

Aujourd'hui, la crémation est bien établie en France et s'accompagne de diverses pratiques.

Les cérémonies de crémation

Les cérémonies de crémation peuvent être personnalisées selon les souhaits de la famille. Elle peut être laïque ou religieuse et s’accompagner de rites, d’hommages musicaux, de discours et des moments de recueillement. 

Les crématoriums disposent d’une salle de cérémonie où sont accueillis la famille et les proches. C’est dans cette salle que l’hommage est rendu au défunt.

La conservation des cendres

Les cendres peuvent être conservées dans une urne funéraire, dispersées dans un jardin du souvenir, ou dans certains cas, dans un lieu significatif pour le défunt.

La législation française encadre strictement la gestion des cendres issues de la crémation. Depuis la loi de 2008, les cendres doivent être conservées dans un lieu dédié. 

La dispersion des cendres est également possible, que ce soit en pleine nature (sous certaines conditions) ou dans des jardins du souvenir spécialement aménagés.

L'impact écologique de la crémation

Une nouvelle étude sur l'impact des rites funéraires

Une étude récente ACV (analyse de cycle de vie) des obsèques réalisée par le cabinet OuiAct pour le compte de la CSNAF (Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire) avait pour objectif de "Comprendre l'empreinte carbone des rites funéraires en France".

Publiée le 10 octobre 2024, elle étudie l'impact écologique des obsèques depuis la prise en charge du corps jusqu'à la dernière cérémonie funéraire. Il s'agit de la première étude qui analyse l'impact global de l'inhumation et de la crémation.

En effet, les études précédentes analysaient seulement l'empreinte carbone des cérémonies d'inhumation et de crémation, mais pas l'impact du transport du corps, de son séjour en chambre funéraire et de l'inhumation (cercueil, caveau, monument funéraire...) ou de la crémation (énergie, urne, cavurne...).

La crémation : des résultats similaires à ceux de l'inhumation

L'étude révèle qu'en moyenne, une crémation émet légèrement plus de CO2 qu'une inhumation mais les données restent assez similaires entre ces deux types d'obsèques.

Il s'agit ici d'une moyenne puisque d'une famille à l'autre, ces données peuvent varier sensiblement, par exemple en fonction du nombre de personnes présentes lors des cérémonies, des distances parcourues ou des fleurs utilisées.

Empreinte carbone moyenne d’obsèques avec crémation et inhumation sur l’ensemble du rite funéraire

Comparatif de l'empreinte carbone de la crémation vs. inhumation

Source : Étude "Comprendre l'empreinte carbone des rites funéraire en France" (Octobre 2024 - CNSAF - Oui Act)

Lors d'une crémation, 36% de l'empreinte carbone concerne le transport de l'assemblée entre les différents lieux des cérémonies, visites en chambre funéraire comprise.

D'autre part, 23% des émissions concerne l'énergie utilisée pour la combustion au gaz naturel.

Postes de consommation d'énergie lors d'une cérémonie de crémation

Enfin, pour donner un ordre d'idée de ce que représentent 649 kg de CO2, cela équivaut à 1 mois d'émissions d'un français moyen ou à 1/3 d'un vol aller-retour Paris-New York.

Equivalence de l'empreinte carbone d'une crémation

Ces chiffres indiquent donc l'impact très modéré des obsèques à l'échelle d'une vie. Pourtant, ces cérémonies réunissent de grandes assemblées venues de diverses régions.


En conclusion, la crémation en France a connu une évolution notable, passant d'une pratique marginale à une option largement acceptée et choisie. En s'adaptant aux besoins et aux souhaits du défunt, la crémation s'affirme comme une pratique funéraire moderne et en accord avec les évolutions sociétales.